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Le Réseau Hydrographique

Le réseau hydrographique se décompose en deux bassins séparés par la ligne de partage des eaux, le bassin de la Mer du Nord drainé par la Moselle et ses affluents et le bassin de la Méditerranée drainé par les affluents de la Saône.

Le Côney



L'Etang du Renard, source de l'Augron

La rivière ne concerne pas le Pays de Remiremont en tant que telle du fait de son cours très à l'ouest, mais indirectement par ses affluents situés à l'est de son bassin que sont le ruisseau de Buzegney, le Cône et l'Aitre (ou Ruisseau d'Amerey).

C'est la rivière de la Vôge qui traverse le coeur de ce Pays et qui en draine une grande partie du territoire. Pourtant le Côney n'est pas une grande voie de communication routière, seuls de petites routes suivent son cours.

Le Côney naît d'une source située à côté de la ferme de Lion Faing sur le territoire de Dounoux, au sud de Saint-Laurent (Epinal). On se situe à une altitude de 425 mètres sur les pentes du Bambois (523 mètres d'altitude, là où est établit au sommet le fort du même nom). Le Côney prend alors une direction sud et passe à Conefosse et Counotte. C'est alors un tout petit ruisseau. La rivière continue sa course et oblique vers l'ouest à Uriménil qu'elle arrose. L'altitude est de 360 mètres. une corderie est présente à Uriménil, établie sur la rivière Le Côney recoit ensuite sur la droite le Ruisseau de St-Evre ainsi que le Ruisseau de Safframénil. Elle recoit alors son premier grand affluent, le Ruisseau de Buzegney (345 mètres d'altitude) qui prend sa source à un étang situé à la Basse des Fourmis (429 mètres). Le Côney et le ruisseau de Buzegney (5,2 km de longueur) se valent en longueur à leur jonction, même si l'avantage reste au Coney. Le Côney fait maintenant 1 mètre de large.

La rivière recoit sur la droite le Ruisseau du Calais, le Ruisseau de Moncel (qui arrose Naymont) et le Ruisseau de la Goutte. La rivière traverse alors le village d'Uzemain. Le Côney fait ensuite sa jonction avec le Cône (ou Ruisseau de Cône), qui a alors une longueur supérieure. 

Le Cône a un cours rectiligne (12,4 km de longueur), tout comme le ruisseau de Buzegney au nord et l'Aitre (ou Ruisseau d'Amerey) au sud. Le Cône prend sa source au Milieu du Monde (le Pransieux) à 540 mètres d'altitude sur la ligne de partage des eaux, dans un lieu où se situe plusieurs sources allant à la fois vers le Cône et à l'opposé vers le Ruisseau du Void de Cône. Il capte diverses gouttes perpendiculaires dans une vallée encaissée et étroite puis plus large quand les reliefs s'abaissent au nord de Xertigny. Le Cône a une vallée d'une biodiversité intéressante avec notamment des batraciens). Une ancienne tréfilerie y est installée, fermée depuis quelques années, à cheval sur les communes de Hadol et de Xertigny, ainsi qu'un peu plus haut la Fromagerie de la Cense.
La basse vallée du Cône est très plate, tout comme l'est celle de du Coney, du fait d'une altitude déjà très basse; elle n'est plus que de 315 mètres à la jonction.

Aux Forges d'Uzemain le Côney va ensuite recevoir sur sa droite le Ruisseau des Sept Pêcheurs dont il reprend la vallée. Dès ce moment le Côney et le Canal de l'Est suivront la même destinée jusqu'à la Saône.
De nombreuses forges étaient installées dans la vallée du Côney (Forges d'Uzemain).

Le Côney aux Forges d'Uzemain
Le Côney aux Forges d'Uzemain

Le Ruisseau des Sept Pêcheurs est plus long que le Côney (11,5 km) et sa vallée est la voie de comunication naturelle vers la Moselle, mais son débit est nettement inférieur à celui de la rivière. En effet la vallée est toute en longueur sans affluent notable exceptés les ruisseaux des Colnots, de Thiélouze et de Reblangotte. Le Ruisseau des Sept Pêcheurs prend sa source à Girancourt à 360 mètres d'altitude tout près de la ligne de partage des eaux, et prend une direction plein sud. Il coule alors dans une vallée bien trop large pour que cette dermière soit dûe à l'érosion, il semble que la géologie s'en soit également mélée. Le ruisseau passe au Void de Girancourt, il sert alors de limite ouest à l'ancienne place forte d'Epinal. Il continue sa course vers le sud et recoit sur la gauche le Ruisseau des Colnots.

Le ruisseau des Colnots (6,5 km de longueur) apparaît au niveau du lieu-dit la Curtillotte (nord de la commune d'Uriménil) possède une vallée boisée assez pittoresque où sont établis les étangs de Morévoid et des Colnots ainsi qu'un tourbière en amont de ce premier. C'est un bel exemple d'une vallée de la Vôge à la riche biodiversité aux calmes et doux paysages boisés parsemés d'espaces ouverts.
Dans la forêt de la Couleuvre (commune de Renauvoid) se trouve une curiosité, la Fontaine de la Couleuvre, une petite rigole en pierre serpentant au milieu de la forêt sur plusieurs dizaines de mètres

Le Ruisseau des Sept Pêcheurs recoit ensuite le Ruisseau de Thiélouze sur la gauche à Thiélouze, il passe ensuite devant Méloménil puis recoit sur la droite le ruisseau de Reblangotte. Le Ruisseau de Reblangotte est très long (9 km de longueur) avec une vallée individualisée. Il prend sa source à Harol, recoit divers ruisseaux secondaires, passe devant Puttegney, Agémont, Nobaimont et Reblangotte. Son débit est au moins aussi important que celui du Ruisseau des Sept Pêcheurs avant de rejoindre le Côney aux Forges d'Uzemain.

Le Côney est maintenant une rivière à part entière de plusieurs mètres de large, elle continue son chemin vers le sud avec le Canal de l'Est à son côté sur sa droite. Il va recevoir successivement divers affluents d'une longueur respectable qui vont contribuer à accroître peu à peu son débit : le ruisseau des Augiers qui arrose Charmois l'Orgueilleux sur sa droite, l'Aitre (ou ruisseau d'Amerey) qui prend sa source à Xertigny sur sa gauche, le ruisseau de Francogney qui passe dans la Forêt Domaniale du Ban d'Harol sur sa droite, ruisseau de Gremifontaine sur sa gauche, ruisseau des Cailloux qui prend sa source aau pied du Ménamont (au sommet des Monts Faucilles à l'opposé de la Saône; arrose successivement la Haye, Harsault et Thunimont) sur sa droite.

On est alors au coeur de la Vôge, à 300 mètres d'altitude, avec ses paysages et son histoire (Forge de Thunimont). La vallée est à ce niveau très pittoresque et sauvage car la nature s'étend de la Forge de Thunimont à la Manufacture royale de Bains-les-Bains. La Manufacture royale de Bains-les-Bains est une ferblanterie fondée par ordonnance royale le 18 juin 1733 sous l'impulsion du duc François III de Lorraine au bénéfice de Georges Puton, Jean-François et Claude Coster et Jean-Baptiste Villiez.

La Manufacture royale de Bains-les-Bains
La Manufacture royale de Bains-les-Bains

L'ensemble du site comprend plusieurs bâtiments industriels (ateliers d'étamage (1736), halle au charbon (1779, 1859)...) des logements pour les ouvriers (XVIIIe siècle), des étables, la maison des contremaîtres, la chapelle (1735), une glacière et le château (32 pièces) du maître de forge entouré d'un parc renfermant de nombreuses variétés d'arbres dont plusieurs espèces rares.

La Manufacture royale de Bains-les-Bains

A la Manufacture l'altitude est de 270 mètres. Le Côney recoit tour à tour le Ruisseau des Baraques (qui prend sa source à Gruey-lès-Surances) à droite et surtout le Bagnerot à gauche. Le Bagnerot prend sa source en amont de la Chapelle-aux-Bois, passe à Hardémont, recoit le Régourt (qui descend de Haudonpré à 583 mètres d'altitude) et arrose Bains-les-Bains. Le Côney recoit ensuite sur sa gauche le Ruisseau de Trémonzey tandis qu'il oblique vers le sud ouest. Il traverse alors Fontenoy-le-Château puis Selles où se trouve un pont tournant. Dans ce secteur du sud de la Vôge les villages sont très peu peuplés. On est dans les terres de surséance, des territoires à la frontière des départements de l'actuelle Haute-Saône et des Vosges, convoités durant plusieurs siècles par le Comté de Bourgogne et le Duché de Lorraine, entre 1508 et 1704

Le Côney recoit sur sa droite le ruisseau du Bon Vin qui prend sa source sur la commune de Gruey-lès-Surance. La rivière entre ensuite en Haute-Saône à l'altitude de 250 mètres et recoit sur sa droite le Ruisseau de la Tuilerie qui arrose Passavant-la-Rochère.

Le Côney fait jeu égal avec la Saône à la jonction des deux rivières à Corre après 55 km de course (222 mètres d'altitude), en termes de longueur ou de débit, c'est à partir de ce moment que la Saône devient navigable en prenant le relais du Canal de l'Est.



Bien qu'il fasse partie du bassin rhodanien, le Côney est si proche de la vallée de la Moselle que les Romains déjà avaient envisagé, sous le règne de Néron, un canal de jonction pour relier la Mer du Nord à la Méditerranée, canal qui ne vit le jour qu'au XIXe siècle dans le cadre du programme Freycinet. Le prêteur Lucius Antistitius Vetus, campé sur les frontières de la Germanie, proposa le creusement d'un canal de la Saône à la Moselle. Le Côney en était l'intermédiaire, écrit l'Abbé Chatelet en 1864 dans Histoire de la seigneurie de Jonvelle.

Le Côney est la voie naturelle vers le bassin de la Moselle depuis la vallée de la Saône, via le ruisseau des Sept Pêcheurs.
En effet, le Ruisseau des Sept Pêcheurs, qui rejoint le Côney aux Forges d'Uzemain, et qui n'est que de faible débit, présente la particularité de parcourir une vallée d'orientation nord à la pente  particulièrement faible et remarquablement longue (bien plus que celle du Coney, pourtant d'un débit supérieur). C'est bien cette vallée qui est dans le prolongement naturelle de celle du Coney en amont.
Il s'agit d'une propriété géographique exceptionnelle. Si bien que la ligne de partage des eaux, qui se situe dans le Bois de Trusey à 375 mètres, entre Girancourt et Chaumousey, n'est que très peu perceptible.
C'est ainsi que la construction d'un canal navigable destiné à faire communiquer Saône et Moselle fut décidée, et établie dans la vallée du ruisseau des Sept Pêcheurs dans le prolongement de celle du Côney.
La défaite française pendant la guerre de 1870 et l'annexion de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine rendaient indispensable le désenclavement des Vosges pour le transport fluvial. Le canal de l'Est permettait la navigation vers le sud et vers l'ouest via la Saône. Les travaux de 1875 à 1887 furent rapides et le percement du canal de l'Est réalisé.

Vallée du Canal de l'Est à Bains-les-BainsVallée du Canal de l'Est à Bains-les-Bains

Pour le fonctionnement des écluses, un barrage-poids fut édifié sur l'Avière sur le territoire de la commune de Chaumousey, le barrage du réservoir de Bouzey. Ce lac est alimenté par une rigole déviant une partie des eaux de la Moselle à Saint-Etienne-lès Remiremont et effectuant un parcours atypique de 45 km.
L
ors de l'établissement de la ceinture fortifiée Séré de Rivières autour de la place forte d'Epinal, c'est tout naturellement que la vallée du ruisseau des Sept Pêcheurs (et donc le canal de l'Est) fut chosie comme ligne de défense ouest.

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Dom Calmet décrit ainsi la source du Côney :
"Le comté de Fontenoy est séparé du ban d'Arches par la rivière Cosné qui prend sa source à un étang dit de Cosne, près du bois de la Houssière. Cette source, par une singularité assez extraordinaire a deux branches : l'une forme la source du Cosné qui va se perdre dans la Saône en Franche-Comté ; et l'autre forme un ruisseau qui va se jeter dans la Moselle ; et par la jonction de différents ruisseaux qui se réunissent, l'une porte ses eaux dans la Méditerranée, et l'autre à l'océan."
Dom Calmet faisait dans ce texte probablement référence dans ce texte au Ruisseau de Buzegney, il faut savoir que le Côney et le Ruisseau de Buzegney se valent en longueur à leur jonction, même si l'avantage reste légèrement au Coney.
En effet, il apparaît que le ruisseau prend sa source dans un étang se situant à proximité du lieu-dit la Houssière. Cette thèse est renforcée par la présence d'un ruisseau à proximité, rejoignant le Ruisseau des Nauves, allant à la Moselle à Arches.
On ne retrouve pas trace de ces caractéristiques à la source du Côney à Lion Faing.

Extraits de la correspondance de Lord Hammerton avec son éditeur londonien en 1884 :
... mais ni l'Égypte ni la Nubie ne possèdent rien de tel que le Côney. Cette charmante rivière prend sa source dans le département des Vosges au pied des Monts Faucilles. Après avoir parcouru 38 miles à travers un pays boisé - qui autant que nous pouvions le voir était très beau - elle se jette dans la Saône à un endroit ressemblant à un tableau qui est l'expression de sa propre beauté... Complètement ignoré de la renommée, le Côney coule à travers sa longue vallée boisée, fait tourner ses moulins rustiques mais jamais son cours ne s'approche de quoi que ce soit qui puisse ressembler à une ville...
On voit dans ce témoignage le caractère et l'atmosphère si particuliers que peuvent revêtir les paysages de la Vôge, et spécialement les vallées de Cône. C'est ce qui fait cette région si agréable, se différenciant tant de la Plaine lorraine ou des autres régions environnantes.


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