Le massif vosgien n'a pas toujours été aussi verdoyant et doux dans son climat, il y a très longtemps il était couvert de grands glaciers qui ont profondément laissé leur empreinte dans le paysage...
Les
dernières glaciations ont laissé des traces dans les vallées en amont
creusées en forme de paliers descendants, d'ombilics et de ressac,
laissant en aval nombre de moraines et de tills. Ces surcreusements ou
ces matériaux mal déblayés sont à l'origine de lacs (Gérardmer,
Retournemer, Longemer, etc.), parfois de tourbières. L'érosion
glaciaire
et fluvio-glaciaire a laissé de grandes vallées larges et un haut
massif parsemé de ballons arrondis, ces vallées ce sont celles de la
Moselle, de la Moselotte, de la Cleurie, de la Vologne et de la Meurthe
en Lorraine, surtout celles de la Doller, de la Thur, de la Fecht, de
la Lièprevette et de la Bruche en Alsace, celles de la Savoureuse et du
Rahin en Franche-Comté.
Les traces de ces glaciations sont surtout présentes au centre du
massif
vosgien ainsi que dans sa partie sud, là où l'on trouve les sommets les
plus élevés et donc les températures les plus basses.
Le paysage glaciaire de la Haute Meurthe Au
centre du massif se trouve une zone encore préservée où les marques de
ces glaciations sont encore très présentes, comprenant les vallées de
la Petite Meurthe et de la Haute Meurthe. Ces deux vallées ont une
origine glacière, aisément reconnaissable à leur fond plat
caractéristique
dominé par des reliefs drus de chaque côté. On y retrouve le Défilé de
Straiture au coeur d'une réserve naturelle protégée. Parcouru par la Petite Meurthe,
le défilé de Straiture est composé d'alluvions fluvio-glaciaires,
galets et sables. Ses parois abruptes sont plantées de vieilles futaies
de résineux et de hêtres. On peut y admirer les plus grands épicéas
d'Europe, vieux de plus de deux siècles. C'est dans ce paysage de
roches et d'anciens reliefs glaciaires que se déploie la Forêt
Domaniale
de la Haute Meurthe. Le centre du cirque se trouve à 893 mètres d'altitude. Il est difficile d'accès et il est nécessaire de passer une zone déboulements pour y accéder depuis le bas. Au sud de ce cirque se trouve le fond de Xéfosse, le plus grand des cirques, dominé par le Signal de Sérichamp, il compte quelques éboulis et quelques barres rocheuses. A côté, dominant la Meurthe se trouvent les Roches du Valtin, partie du même ensemble. En aval du Valtin, la Meurthe suit sa large vallée glacière surcreusée (Combe de la Meurthe) au pied du massif du Gazon du Faing dominant de 600 mètres le fond. Cette vallée a une orientation Nord légèrement Est avec une pente assez faible. A ce niveau la Meurthe recoit perpendiculairement de la droite le Ruisseau de la Cascade, apparu dans les chaumes humides du Gazon du Faing et dévalant le massif pour former la Cascade du Rudlin. Au Rudlin, après l'Etang des Dames, la Meurthe va subitement faire un coude vers l'ouest, la vallée large disparait, c'est le défilé du Rudlin. Entre 2 versants boisées très rapprochés l'un de l'autre. La Meurthe coupe littéralement la montagne en deux, un peu comme la Vologne le fait au Kertoff. Elle sort de cet axe géographique qui est en fait un plissement, composé de sa haute vallée, de la vallée parallèle du Ruisseau du Louschbach et de la haute vallée de la Béhine. La rivière coupe le plissement pour se frayer un chemin vers Habeaurupt et Plainfaing. Le Rudlin et son défilé ont été abondamment représentés sur les cartes postales du début du 20ème siècle. |
Dans les Hautes Vosges se trouvent d'autres marques manifestes de la période glaciaire, au-delà des grandes vallées glaciaires, comme :
- Le défilé du Kertoff où la vallée de la Vologne fait à peine 30 mètre de large, juste assez pour une route, la rivère et une ancienne voir ferrée. La Vlologne se fraye un chemin tout droit dans la montagne entre deux parois abruptes en présence de nombreux éboulis. Cette chemin improbable n'est pas uniquement dû à l'érosion glaciaire, mais également à la géologie et aux plissements vosgiens, le même plissement qui a donnée naissance à la vallée du Barba (Trou de l'Enfer) strictement parallèle à celle de la Vologne.
- Les
cirques glaciaires du côté alsacien en-dessous de la crête
du Gazon du
Faing, avec notamment les lacs du Forlet et de Soultzeren. C'est un
paysage extraordinaire opposant la montée en pente douce du
côté lorrain depuis la vallée de la haute Meurthe au chaos rocheux et à
la pente extrèmement forte du côté alsacien.
On retrouve ces phénomènes rocheux
au niveau de la Schlucht (Sentier des Roches), du Hohneck (cirque du
Frankenthal et Spitzkoepfe), du Rainkopf au Batteriekopf. C'est
beaucoup plus ténu dans la partie sud sauf au Ballon d'Alsace (Roches
de Morteville).
Champ de roches au Col de Cheneau
- Les
lacs naturels (N) ou non, occupant des anciens cirques
glacières de la
Crête avec leur pente rocheuse du côté alsacien : lac Blanc (N), lac
Noir, lac des Trunes ou du Forlet, lac Vert ou de Soultzeren, lac de
Schiessrothried, lac de Fischboedle, lac de la Lande, lac de Blanchemer
(N), lac d'Altenweiher, lac de Lispach, lac des Corbeaux (N), étang de
Séchemer (N), lac de la Lauch, lac du Ballon, lac des Perches ou
Sternsee (N), Petit et Grand Neuweiher (N), lac d'Alfeld, lac de Sewen
(N). On y ajoute bien entendu les lacs de Retournemer (N), de Longemer
(N) et de Gérardmer (N).
Ces
lacs peuvent être profonds du fait de
la pente raide tombant à pic depuis la crête, ainsi le lac Blanc fait
72 mètres de profondeur là où le lac de Gérardmer en fait 38 mètres. Le
plus bel exemple de cirque glaciaire possédant un lac est le cirque du
Lac des Perches, situé en altitude (985 mètres directement dominé par
la Tête
des Perches [1222 mètres]) avec sa forme circulaire presque complète ne
laissant au lac qui recueille les multiples gouttes alentours
qu'un petit exutoire.
- Les
tourbières d'altitude, qui sont de grands espaces naturels
protégés car
abritant une faune et une
flore fragile voire endémique. On y trouve notamment des plantes
carnivores comme la fameuse droséra.Le milieu est un équilibre fragile
entre ses apports en eaux, l'acidité de cette eaux et la végétation
présente dans cette eau. Les tourbières ont souvent des miliers
d'années d'un équilibre naturel autorégulé.
Les
tourbières sont surtout menacées par le comblement progressif du fait
de
l'accumulation de la végétation en décomposition, par l'exploitation
forestière et le drainage des ruisseaux(qui assèchent ou déplacent les
sols), et par le changement climatique (qui
modifie le cycle de la tourbière). Certaines tourbières ont ainsi
disparu ou presque (Etang Foliot dans le Sapenois, Etangs de l'Abîme et
du Grand Basset dans le Fossard, Corfe et Grand Roncey dans les Vosges
Saônoise, Etang
de l'Oranger dans le haut Breuchin, Etang de Jemaufaing (Noire
Goutte), etc.
La tourbière de l'Etang Bachetey, à la limite de la Franche-Comté
Aujourd'hui
les tourbières les plus importantes sont celles de la Demoiselle, de la
Charme, de l'Etang Bachetey (réduite), de Machais, de Lispach, le
Petit et le Grand Rossely (exceptionnelles et difficilement
accessibles), Bravouse, tourbières de la Savoureuse, lac de Sewen,
Lauchenkopf (réduite), Liézey (réserve naturelle), Frankenthal, la Maxe
(Pays de Salm), etc.
La
tourbière de la Charme au coeur de la Réserve Biologique Domaniale de
Longegoutte est particulièrement fragile (peu de profondeur et apports
uniquement pluviaux); dejà ce n'est plus une grande étendue d'eau comme
dans le passé)
De manière générale, les étangs (souvent d'origine humaine) non
entretenus deviennent assez vite des tourbières,
malheureusement instables et donc vouées à disparaître par la
colonisation de la végétation (résineux) et l'assèchement du terrain
concomitant.
Le Plateau des Mille Etangs a été
quant à lui façonné par les glaciers lors de la dernière glaciation il y a près
de 12000 ans, puis modelé et exploité par les Hommes notamment pour sa
tourbe.
Il existe d'autres traces insolites de ce passé glaciaire des Vosges, comme le Champ de Roches de Barbey Seroux, unique en Europe, ou la Glacière de la Forêt d'Hérival, où la glace subsiste dans les amas rocheux jusque l'été...