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La Vallée de la Haute Moselle 

La Moselle au Pont de Cheneau, juste avant la confluence avec la Moselotte
La Moselle au Pont de Cheneau, juste avant la confluence avec la Moselotte

La vallée de la Haute Moselle s'étire sur une longueur de près de 35 kilomètres de long, de Bussang à Remiremont. Cette vallée vosgienne est un axe de peuplement, d'activité et de circulation essentiel pour le massif des Vosges ainsi que pour l'Est de la France en reliant le nord de la Lorraine au sud de l'Alsace.

Quant à la Moselle, elle naît à Bussang et grandit peu à peu pour s'unir à la Moselotte, l'autre grande rivière du sud vosgien, pour donner la grande rivière que sera la Moselle. La rivière poursuivra un périple de 560 kilomètres à travers la Lorraine et le Palatinat allemand avant de rejoindre le Rhin à Coblence.

Ce dossier nous mènera sur la route de la source de la Moselle en partant de Remiremont, l'occasion de découvrir au fil de la rivière une vallée bien typique des Vosges... 

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La vallée de la Haute Moselle

Les prés de Gérardfaing (590 mètres), à BellefontainRemiremont, la grande ville du sud des Vosges, est baignée par la Moselle, cette rivière qui traverse Epinal, Pont-à-Mousson, Metz, Thionville ou encore Trèves. La Moselle n'est déjà plus la grande rivière qu'elle deviendra par la suite, mais c'est tout de même une belle rivière de montagne aux eaux vives. C'est au niveau de Remiremont, sur la commune de Saint-Etienne-lès-Remiremont, que débute réellement la Moselle en tant que telle. La rivière est le fruit de la réunion de deux rivières de montagne plus petites emblématiques du massif vosgien : la Moselotte et la Haute Moselle. La première naît au coeur du massif et irrige des villes telles que La Bresse, Cornimont, Saulxures-sur-Moselotte et Vagney tandis que la seconde naît dans la partie sud du massif et irrige des villes telles que Bussang, Le Thillot, Rupt-sur-Moselle.

A la jonction, la Moselotte est une rivière large et profonde qui apparaît comme la continuation de la Moselle, tandis que la Haute Moselle est une rivière bien moins large, peu profonde, aux eaux rapides. C'est littéralement la Haute Moselle qui se jette dans la Moselotte. Cette dernière affiche un débit moyen de plus de 13 m³/seconde contre plus de 9 m³/seconde contre la Haute Moselle, de plus sa longueur est supérieure (47 kilomètres de long contre près de 35 kilomètres de long). Il en est de même pour la superficie du bassin (356 km² pour la Moselotte contre 222 km² pour la Haute Moselle).

Le bassin de la Haute Moselle quoique assez étroit suffit néanmoins à fournir à la rivière un débit quasiment équivalent à celui de la Moselotte, ceci du fait de la très forte hydrométrie du secteur, en particulier à proximité du Ballon d'Alsace, et au fait que le bassin draine la majeure partie du relief situé entre Haute Moselle et Moselotte.

La vallée de la Haute Moselle est un axe de communication majeur entre le nord de la Lorraine et le sud de l'Alsace par le Col de Bussang (731 mètres). La vallée était le lieu de passage d'une voie romaine de part son débouché aisé et sa largeur importante qui en faisait un axe naturel entre la Belgique et les Alpes.
Au contraire, la Moselotte, bien que possédant une vallée très large jusque Vagney, se rétrécit ensuite considérablement entre Zainvillers et les Graviers pour s'élargir un peu en amont. Le caractère très montagnard de la vallée, située au coeur du massif, est plus prononcé que celui de la Haute Moselle.

Néanmoins, la vallée de la Moselotte, tout comme celle de la Haute Moselle connut un peuplement ancien, quoique plus tardif. Christianisée vers le 7ème siècle, la haute vallée de la Moselotte était empruntée pour relier les monastères de Remiremont et de Munster. Petit à petit, des colonies se fixèrent sur ce trajet, notamment venues d'Alsace pour profiter des pâturages d'altitude. Si elle fut un lieu de passage, la vallée de la Moselotte n'en demeurait pas moins malaisée, se terminant sur les plus hauts sommets des Vosges centrales (dont le Hohneck à 1361 mètres).
La Moselotte était d'ailleurs appelée simplement "Branche de la Moselle" pendant des siècles.

La Moselle au pont des Mitreuches, peu avant la jonction avec la MoselotteLa Moselle au pont des Mitreuches, peu avant la jonction avec la Moselotte

La vallée de la Haute Moselle suit une orientation sud-est-nord-ouest. De sa source à St-Maurice-sur-Moselle, elle prend une direction sud-sud-ouest avant d'effectuer un coude brusque vers le nord-ouest puis de s'orienter franchement au nord de Lépange jusque la jonction à Saint-Etienne-lès-Remiremont.

Le ruisseau principal émis par la Moselle et coulant au coeur de la plaine de Dommartin-lès-Remiremont en passant à PontLe ruisseau principal émis par la Moselle et coulant au coeur de la plaine de Dommartin-lès-Remiremont en passant à Pont

En aval de Vecoux, de nombreuses rigoles partent de la Haute Moselle du fait de la platitude du terrain dans la plaine de Dommartin. Celles-ci, très petites au niveau de l'Etang des Aulnes, recoivent d'autres apports au niveau de La Poirie pour aboutir à un ruisseau large et abondant au niveau de Dommartin et de Pont. Ce ruisseau qui a un moment la largeur d'une rivière au niveau de la Voie Verte, contourne Pont au nord pour longer la Moselotte. Il va ensuite s'élargir pour rejoindre cette dernière et la grossir aux dépens de la Haute Moselle. Ce ruisseau peut être considéré comme une branche de la Haute Moselle, il fut représenté dès le 17ème siècle par les cartographes.

La Moselle et la plaine de Dommartin-lès-Remiremont, près de l'Etang des AulnesLa Moselle et la plaine de Dommartin-lès-Remiremont, près de l'Etang des Aulnes

La Moselle à Vecoux est un haut lieu de la pêche où il a régulièrement des concours et des lâchers d'alevins.
La qualité des eaux de la rivière, en dépit de la forte population de la vallée, est bonne. Ceci est dû à un effort important en faveur du retraitement des eaux usées qui s'est traduit par l'équipement des différentes communes de la vallée en stations d'épuration et la modernisation de ces dernières. Les stations de pompage se trouvent également dans leur grande majorité au fond de la vallée.

Au niveau de Dommartin et de Vecoux, le paysage n'a pas réellement de caractère montagnard, avec sa large vallée et ses doux reliefs boisés de 700-800 mètres d'altitude. Dans cet endroit, les hameaux de Pont, la Poirie et Vecoux sont très anciens avec de nombreuses vieilles fermes et croix. Les habitations sont établies sur les hauteurs, en particulier sur l'adret, ce qui est une constante de toute la vallée, tout comme celle de la Moselotte ou de la Cleurie.

Les ponts de la route inondable menant à VecouxLes ponts de la route inondable menant à Vecoux

On peut remarquer les nombreuses arches se trouvant sous la route menant de Remiremont à Vecoux. Ceci est dû à la platitude du terrain au fond de la vallée on retrouve ces mêmes arches en aval à Pont, en amont notamment à Longchamp, mais aussi sur la Moselotte au Syndicat ou à Vagney. La Moselle comme la Moselotte sont des rivières au régime pluvio-nival, c'est à dire influencées à la fois par les pluies et la fonte des neige. Le régime est très irrégulier, avec un plus haut en hiver et au printemps, et un plus bas à la fin de l'été. Les crues peuvent être très importantes voire catastrophiques avec des barrages emportés.

La Moselle à VecouxLa Moselle à Vecoux

La rivière en période de hautes eaux déborde de son lit normal pour s'épancher dans la plate vallée où elle peut atteindre plus d'un kilomètre de large à Vecoux et surtout à Dommartin. On a le même phénomène avec la Moselotte à Vagney et au Syndicat ou la Moselle à Saint-Etienne-lès-Remiremont. Les arches, inutiles en temps normal, permettent alors à l'eau de passer en dessous de la route (parfois submergée pour celle menant à Vecoux) sans être stoppée. La Haute Moselle peut alors surpasser la Moselotte en débit du fait des très fortes précipitations autour du Ballon d'Alsace. Lorsque la rivière se retire lentement il ne reste alors plus que des sortes de petits canaux dans les champs vite asséchés. Lors de la décrue de nombreux poissons restent prisonniers des mares d'eau sous les arches, en partie récupérés par les pâcheurs. C'est du fait de ces crues que la vallée est en grande partie non construite à part quelques vieilles fermes à La Poirie et aux Mitreuches.

La rivière est très basse après des étés longs et secs, le débit est alors au minimum juste avant l'automne. La Moselle n'est néanmoins jamais complètement à sec car les Vosges disposent de grandes réserves d'eau souterraine. La Haute Moselle connaît des étiages beaucoup plus sévères que la Moselotte.

Les hauteurs des Fèches, situées sur la commune de DommartinLes hauteurs des Fèches, situées sur la commune de Dommartin

Si les reliefs alentours – boisés ou non – sont de nature granitique et donc composés de roche dure, le fond de la vallée est composé d'alluvions charriées durants des milliers et des milliers d'années par la rivière et les glaciers. Les glaciers ont notamment contribué à creuser les larges vallées vosgiennes, la rivière a travaillé ensuite le fond de la vallée.

La Haute Moselle a son débit maximal après Vecoux; en aval l'apport du Ruisseau de la Croisette est insuffisant pour compenser la perte du fait des ruisseaux divergents. On trouve de nombreux morceaux de bois charriés par la rivière, en particulier au niveau du coude que fait la rivière près de la Poirie. La rivière continue son chemin au pied du massif du Corroy même si le centre de la plaine se situe à une altitude égal ou moindre. La Haute Moselle sert alors de limite entre Saint-Etienne-lès-Remiremont sur sa rive gauche et Dommartin sur sa rive droite. La rivière passe ensuite sous le Pont de Cheneau avant de rejoindre la Moselotte un peu plus loin.

La Moselle au pont des MortesLa Moselle au pont des Mortes

Les ponts sur la rivière sont très nombreux du fait des nombreux villages et hameaux établis de part et d'autre. La faible largeur et profondeur de la rivière rendit la tâche aisée. Neanmoins les ponts sont pour la plupart récents, postérieurs à la Seconde Guerre Mondiale du fait des destructions surtout à la Libération en 1944. On s'appuya alors sur le modèle des ponts Bailey dans les années 50.
La Haute Moselle, comme la Moselotte, est une rivière à très forte densité de petits barrages, destinés à l'alimentation des usines ou à l'hydro-électricité. Ceux-ci ne posent pas de problèmes pour les poissons du fait de leur faible hauteur, ce qui permet à ceux-ci de frayer jusqu'aux sources.

A Vecoux, la Haute Moselle recoit le Ruisseau de Reherrey, un ruisseau abondant émanant d'une importante vallée intérieure de près de 6 kilomètres de long jusqu'au Col de Xiard (766 mètres) retombant sur la vallée de la Moselotte. Dans les hauteurs du hameau de Reherrey se trouve la source chaude de Chaudefontaine, sortant à 1 litre/seconde à une température constante de 21° et connue depuis des temps reculés.

La montagne des Cucherons, dominant VecouxLa montagne des Cucherons, dominant Vecoux

Le village de Vecoux est dominé par l'imposante montagne des Cucherons avec son point de vue situé à près de 800 mètres d'altitude. Derrière s'étend la vaste forêt de Longegoutte dont la partie sommitale est une Forêt Domaniale. Sur la droite s'élèvent les Fêches dans les hauteurs, hameau de Dommartin qui possédait dans le temps son école.

Au-dessus se trouve la limite de partage des eaux avec le bassin de la Combeauté, au niveau de la Croisette d'Hérival et des Tronches à une altitude d'environ 700 mètres. La vallée de la Haute Moselle va être bordée par la ligne de partage des eaux de la Méditerranée avec les affluents du Breuchin, de l'Ognon, du Rahin et de la Savoureuse jusqu'au Ballon d'Alsace. Cette ligne de crête est en général peu élevée (maximum d'environ 800 mètres jusqu'au Ballon de Servance) car située en bordure du massif vosgien. De plus, la rivière suivra fidèlement cette ligne à peu de distance (3 à 4 kilomètres), d'où un bassin très réduit sur cette rive. La majeure partie des affluents de la Moselle se trouveront donc dans la partie supérieure de son bassin sur les communes des Saint-Maurice-sur-Moselle et Bussang et sur sa rive droite, venant de l'espace intermédiaire entre Haute Moselle et Moselotte. Entre les deux rivières, c'est une succession de reliefs (Longegoutte et Géhant) régulièrement supérieurs à 800 mètres et d'une assez grande profondeur (5 à 8 kilomètres), situées en majorité dans le bassin de la Haute-Moselle.

La Moselle a tendance à s'épancher fortement au niveau des Mortes, inondant la route qui relie le hameau à Vecoux. La rivière à cet endroit fait environ une quinzaine de mètres de large pour environ 50 cm de profondeur.

La plaine des Mortes, à VecouxLa plaine des Mortes, à Vecoux

En regardant vers l'amont on aperçoit les hauteurs du Bois de l'Etang Fenot (809 mètres), du Bambois (819 mètres) et du Fort de Rupt (775 mètres). Celles-ci dominent le village de Rupt-sur-Moselle et ont pour particularité de constituer la limite avec la Franche-Comté, juste avant la ligne de crête. Cette double limite – partage des eaux et régionale – s'étire jusqu'au Ballon d'Alsace.

Petit canal de dérivation destiné à alimenter une ancienne usine, à HiellePetit canal de dérivation destiné à alimenter une ancienne usine, à Hielle

Au niveau de Hielle, la commune de Vecoux laisse place à celle de Rupt-sur-Moselle. Celle-ci est celle qui possède la plus grande longueur de rivière sur son territoire, et de loin, allant de Saulx en amont à Hielle en aval. Cette longueur était encore plus grande avant la création de la commune de Ferdrupt en 1832. La grande superficie de la commune de Rupt-sur-Moselle est un héritage de l'ancien Ban de Longchamp – du nom du hameau situé dans le coude de la Moselle, en-dessous du Col du Mont de Fourche – qui dominait sous l'Ancien Régime, la vallée de la Haute Moselle.

On trouve à Hielle d'ancienne usines et un ancien arrêt du chemin de fer. De l'usine reste la trace d'un petit canal de dérivation avec sa vanne, permettant de dévier une partie des eaux de la rivière. Du chemin de fer subsiste un petit poste et un quai.

Ancien arrêt de HielleAncien arrêt de Hielle

La vallée de la Haute Moselle était, tout comme celle de la Moselotte, desservie par le train. En effet, à la fin du 19ème siècle, sous l'effet du développement du textile, de l'industrialisation des vallées et du développement de la population, il devenait essentiel de raccorder les vallées. La ligne de la Haute Moselle atteignit Saint-Maurice en 1879 et Bussang en 1891. La ligne de la Moselotte fut quant à elle ouverte en 1879. Aujourd'hui, les lignes, désaffectées depuis 1989 pour le service voyageurs, sont devenues des Voies Vertes, aménagées entre 1999 et 2007. Celles-ci, destinées aux piétons, cyclistes et autres engins non motorisés, constituent des itinéraires agréables et raccourcis, loin des routes principales.

La Moselle à Hielle vers l'amontLa Moselle à Hielle vers l'amont

Le coude de la Moselle à HielleLe coude de la Moselle à Hielle

On essaya de construire un barrage à ce niveau pour les poissons, qui fut détruit par une crue de la rivière. Un ancien pont se trouvait également sur la rivière à Hielle, aujourd'hui disparu. A ce niveau, la Moselle a gardé un certain caractère sauvage avec une jolie boucle.


La Moselle à Hielle vers l'avalLa Moselle à Hielle vers l'aval

Juste en aval de Lépange, la Moselle effectue une belle boucle avec des eaux vives.

A Lépange se trouve une ancienne gravière, aujourd'hui on y trouve des quantités importantes de galets. La construction de la route de contournement de Rupt-sur-Moselle a soulevé de vifs débats concernant l'impact éventuel sur le cours de la rivière, qui ne fut finalement que marginalement affectée. Des possibilités ont été laissées sous la route permettant à la rivière de s'épancher en cas de crue. La déviation de Rupt-sur-Moselle débute à Lépange (où se terminait la voie express) pour contourner la vallée à flanc de montagne sur la rive gauche et se terminer entre Saulx et Ferdrupt.

La plaine de Lépange, avec la route et ses petits ponts et l'ubac de Rupt-sur-MoselleLa plaine de Lépange, avec la route et ses petits ponts et l'ubac de Rupt-sur-Moselle

A Lépange se trouvent les petits ponts permettant à la rivière de ne pas être retenue par la route en cas de crue. Dans les champs on retrouve les sortes de petits canaux ainsi qu'un bras mort de la rivière où l'eau remonte par capillarité.

Lépange est une sorte de village à part entière, éloigné du centre de Rupt-sur-Moselle et qui possédait son école. Ce hameau est très ancien, la voie romaine y passait, de vieilles croix s'y trouvent ainsi que d'anciennes fermes. De Lépange part la pittoresque route de la Beuille, avec ses très beaux points de vue. En haut se trouvent d'ancien lieux, comme Loufaing, ses ruines et sa croix. Au-dessus de la Beuille se trouve la Route des Forts reliant Remiremont au Col des Croix et au Ballon de Servance en passant par le Col du Mont de Fourche. Cette route se trouve également à ce moment sur la limite entre Rupt-sur-Moselle et le Girmont-Val-d'Ajol. De l'autre côté de la vallée de la Moselle se trouvent les ruines et chemins pavés de Ligebierupt, dans un état exceptionnel de conservation et témoins de l'architecture née de l'économie pastorale et forestière prévalant pendant des siécles en ces lieux.

Juste en amont de Lépange se trouve Maxonchamp qui est également un hameau assez ancien avec des routes et des maisons anciennes, de nombreuses croix et un oratoire.

Vue vers la Beuille et les sommets de plus de 800 mètres à la limite de la Franche-ComtéVue vers la Beuille et les sommets de plus de 800 mètres à la limite de la Franche-Comté

Au niveau de Maxonchamp, la vallée de la Moselle se retrouve entre des montagnes dépassant 800 mètres d'altitude. Sur la rive gauche, dominant Larraye et le hanot, le Bois de l'Etang Fenot atteignant 809 mètres d'altitude. C'est le commencement d'une ligne de crête élevée allant jusqu'au Fort de Rupt. A ce niveau se trouve la pointe locale de la Franche-Comté en territoire lorrain. La limite régionale, peu entretenue et seulement bornée sur le Bois de l'Etang Fenot, se situe non pas sur la ligne de partage des eaux entre Breuchin et Moselle, mais sur le versant de la Moselle à peu de distance.

Cette limite régionale est séculaire, remontant au Moyen Âge. La route des Forts se trouve donc à ce moment en territoire franc-comtois, une partie de la route élevée et fermée l'hiver par grandes neiges entre le carrefour du Girmont d'Amont et le Fort de Rupt. Aucune route ne relie la Route des Forts à la vallée de la Moselle entre Loufaing et la Col du Mont de Fourche. Néanmoins les liens entre la vallée de la Moselle et le haut existaient comme en témoignent les chemins pavés partant du Hanot vers le Bois de l'Etang Fenot et avec leurs murets de pierre et cave de stockage.

En haut l'Etang Bachetey abrite une tourbière d'altitude intéressante.

La montagne de l'Avuxon, dominée par la Forêt Domaniale de LongegoutteLa montagne de l'Avuxon, dominée par la Forêt Domaniale de Longegoutte

Sur la rive droite se dresse la haute crête de l'Avuxon, d'une altitude stable de 860-880 mètres d'altitude. La crête fait un moment office de limite entre Rupt-sur-Moselle et Vecoux, mais le plateau sommital occupé par la Forêt Domaniale de Longegoutte se situe entièrement en territoire ruppéen. La montagne de la Broche le Prêtre est aisément reconnaissable à sa forme évoquant un pain de sucre. Au-dessus des Meix, en allant vers la Roche Jaugeon à proximité du Chalet des Haneaux, se trouve un chemin pavé en bon état de conservation.

A partir de Maxonchamp, la rive gauche de la Moselle devient très réduite, la forêt descendant de manière assez abrupte jusqu'environ 300 mètres de la rivière. Cette rive évoque un ubac de montagne en comparaison de la rive droite plus ouverte et ensoleillée. Cette disposition continue jusqu'au niveau du village de Rupt-sur-Moselle. Auparavant seule une petite route assez pittoresque courait au pied de la montagne où il y a très peu d'habitations. Dans la montagne, on trouve à 580 mètres d'altitude les anciennes Mines de Maxonchamp où l'on extrayait la fluorine jusqu'en 1999.
Non loin de là, près de Halotey et des ruines du Vieux Pré se trouve un chemin pavé dans un remarquable état de conservation partant du GR7.
Cette zone de reliefs est particulière. Il y fait frais, les épisodes de pluie et de bruine y persistent et la neige subsiste pendant des périodes prolongées. L’altitude n’y est pourtant pas très élevée (maximum de 819 mètres au Bambois et une moyenne de 800 mètres sur la crête). On peut expliquer ces conditions particulières par la situation géographique sur la chemin des précipitations d’ouest, ainsi que par le manque d’ensoleillement dû à une exposition nord /est.

Il faut également mentionner le fait que le niveau des précipitations s'accroît graduellement au fur et à mesure que l'on remonte la vallée de la Moselle puis surtout de la Haute Moselle, pour atteindre un maximum autour du Ballon d'Alsace. La vallée de la Haute Moselle est en moyenne encore plus humide que celle de la Moselotte.

Le centre de Rupt-sur-Moselle depuis LongchampLe centre de Rupt-sur-Moselle depuis Longchamp

Au niveau du village de Rupt-sur-Moselle, autrefois appelé Lette, s'étend vers le nord-est la vallée du Ruisseau du Dessus de Rupt qui mène vers le massif de Longegoutte. La partie sommitale de la montagne, située à plus de 860 mètres d'altitude, est composée d'un vaste plateau érigé en réserve biologique. La tourbière de la Charme est une importante zone d'intérêt écologique. Une route permet d'accéder depuis le Dessus de Rupt au hameau de Aufaing et dans les hauts.

Un peu en amont se trouve le hameau de Longchamp, autrefois centre du Ban de Longchamp, qui couvrait sous l'Ancien Régime la vallée de la Haute Moselle de Dommartin à Ferdrupt. Cette entité administrative médiévale, née après l'installation du monastère du Saint-Mont au 7ème siècle, fut démantelée à la Révolution, remplacée par les communes de Rupt-sur-Moselle et de Dommartin, réunions de divers hameaux existants. Longchamp est donc un hameau très ancien dont il reste de multiples traces de ce passé : vieilles fermes, croix, routes anciennes. Au-dessus se trouve la Chapelle St-Etienne.

Le 19ème siècle voit avec la Révolution industrielle un changement fondamental pour la vallée de la Haute Moselle et les vallées vosgiennes en général. Cette période voit l'arrivée dans les vallées des premiers tissages et filatures, la première filature est implantée dès 1834 au hameau de Saulx. Ces industries profitent de ressources naturelles abondantes, en particulier l'eau permettant la production d'électricité. Cette industrialisation s'accélère après la défaite de la Guerre de 1870 et l'annexion de l'Alsace qui voit une partie de l'industrie mulhousienne se replier de l'autre côté de la frontière. La vallée de la Haute Moselle en profite en premier lieu par sa connexion directe à Mulhouse et à la vallée de la Thur, alors déjà bien industralisée.

L'activité agricole et pastorale entame un long déclin, marqué par l'abandon progressif des exploitations en altitude et le regroupement dans les vallées d'une classe ouvrière naissante. L'activité agricole des vallées se transforme alors peu à peu en une activité industrielle. D'une part les villes et villages de la vallée de la Haute Moselle connaissent un développement sans précédent avec l'installation de multiples usines et la construction de cités ouvrières, d'autre part la montagne est peu à peu regagnée par la forêt de résineux, destinée à être exploitée.

Au niveau de Longchamp se trouve le Col du Mont de Fourche, reliant à une altitude de 620 mètres la Lorraine à la Franche-Comté. Ce passage naturel particulièrement aisé est une frontière administrative et historique très ancienne, point de passage antérieur à l'époque des Romains. La vallée du Breuchin de l'autre côté, malgré sa proximité immédiate avec celle de la Haute Moselle, est un pays différent, héritage des siècles d'appartenance comtoise, bourguignonne puis espagnole. La ligne de partage des eaux explique également le fait que les villages de Corravillers, la Rosière, la Longine, La Montagne, etc. se soient naturellement tournés vers Faucogney. La vallée de la Haute Moselle est naturellement et historiquement tournée vers l'aval, vers Remiremont, Epinal, Nancy, mais assez peu vers l'Alsace et encore moins vers la Franche-Comté. Ainsi, malgré sa proximité avec la Franche-Comté, qu'elle longe sur une grande partie de son cours, la vallée de la Haute Moselle n'a qu'un lien distendu avec son sud, pays différent encore très rural et composé de petits villages. L'activité et les échanges se font le long de la rivière, contraints également par la topographie des lieux, qui ont eux même déterminés les facteurs humains.

La montagne du Fort de Rupt (775 mètres), au nord du Col du Mont de Fourche (620 mètres)La montagne du Fort de Rupt (775 mètres), au nord du Col du Mont de Fourche (620 mètres)

Dominant le Col du Mont de Fourche à 775 mètres d'altitude se trouve le Fort de Rupt, situé sur la commune de La Rosière. Ce fort fait partie du rideau de la Haute Moselle intégré dans le système Séré de Rivière, tout comme les forts d'Arches, du Parmont, de Château Lambert et du Ballon de Servance. Cette ligne, bâtie après l'annexion de l'Alsace-Moselle à l'Empire allemand, avait pour mission de bloquer toute offensive ennemie sur la frontière de l'Est, alors ouverte. Sa contruction s'étala de 1874 jusqu'à la Première Guerre mondiale. S'appuyant sur les places fortes de Verdun, Toul, Epinal et Belfort reliées entre elles par des forts de couverture suivant les hauteurs de la Meuse et de la Moselle, cette ligne défensive fut redoutable à l'aube de la Première Guerre mondiale. Elle motiva le choix de l'invasion de la Belgique et du Luxembourg par l'Empire allemand en 1914 afin de contourner ce système défensif. Le Fort de Rupt, construit de 1874 à 1876, avait pour double mission d'empêcher le passage de l'ennemi venant de l'est depuis le Col de Bussang vers le Col du Mont de Fouche, voie d'invasion traditionelle et également vers Remiremont. Il était relié au Fort du Parmont par la Batterie de la Beuille. Il est encore aujourd'hui propriété de l'armée. La Route des Forts, contruite un peu en arrière de la ligne de crête, était destinée à assurer la bonne liaison et l'approvisionnement de l'ensemble.

La plaine de Longchamp et l'ubac de Ferdrupt; au fond la Tête de la Bouloie (1166 mètres)La plaine de Longchamp et l'ubac de Ferdrupt; au fond la Tête de la Bouloie (1166 mètres)

La vallée de la Moselle est large et plane au niveau de Longchamp, une route ancienne relie le hameau à la rive droite, avec plusieurs petits ponts en cas de crue de la rivière. C'est à ce niveau que se trouve un des rares ponts de chemin de fer de la Haute Moselle, le seul grand avec le Pont de Cheneau en aval. Le chemin de fer, alors en rive droite depuis Dommartin-lès-Remiremont, repasse en rive gauche jusque Saint-Maurice-sur-Moselle. La Moselle est ici bordée de deux zones de graviers.

La Moselle à LongchampLa Moselle à Longchamp

Les derniers hameaux de Rupt-sur-Moselle sont le Chêne et Saulx, dans un endroit où la vallée se resserre un peu. A ce niveau la vallée est dominée par le Haut de Bélué (870 mètres), sommet imposant directement posé au dessus du village de Rupt-sur-Moselle et offrant un beau point de vue vers les ballons de Servance et d'Alsace. Son exposition favorable au sud a permis l'établissement d'habitations, la plupart aujourd'hui en ruine (Chemin de Lampiay).

Les champs inondables en amont de LongchampLes champs inondables en amont de Longchamp

En amont de Saulx se trouve la vallée du Ruisseau de Grandrupt, assez profonde car située entre le Bélué et le Châtelet (871 mètres), et débouchant par le Col du Ramné (855 mètres) sur le Cirque de Grettery. Une route assez ancienne suit le creux de la vallée, où se trouve une scierie et plusieurs fermes isolées. La vallée est entièrement située en territoire ruppéen à l'exception de la partie supérieure où le ruisseau fait office de limite avec la commune de Ferdrupt. Dans la partie moyenne et basse, les premières pentes du Châtelet sont situées à Rupt-sur-Moselle. A ce niveau, la Moselle fait un coude entre le Châtelet au nord et la montagne de Linqueny (758 mètres) au sud.

Ferdupt est une commune née en 1832 du regroupement de sections de Rupt-sur-Moselle et de Ramonchamp. Elle se compose du village (Libauxaire et centre) et de deux hameaux : Xoarupt et Remanvillers. C'est la commune la moins peuplée de la Haute-Moselle, même si les industries y sont bien présentes. Le territoire est enserré dans une secttion étroite de la vallée, entre deux versants boisés, surtout l'ubac que longe la voie verte. Des habitations sont néanmoins installées le long du Ruisseau de Ferdrupt en montant vers le Col de la Sûre, ainsi que dans les hauts de Remanvillers.

La vallée de la Moselle à Ferdrupt et la vue sur le Ballon d'Alsace enneigéLa vallée de la Moselle à Ferdrupt et la vue sur le Ballon d'Alsace enneigé

En effet, la vallée de la Haute-Moselle, tout comme celle de la Moselotte au nord, possède deux versants adret et ubac, que l'on appelle “droit” et “envers” (Graviers, Amias, Ferdrupt, etc.). En fonction de l'orientation des vallées, l'ubac sera soit au sud, soit à l'ouest voire à l'est, sauf dans les parties supérieures à La Bresse et Bussang défrichées sur les deux versants. Ainsi, les versants nord sont bien plus occupés et défrichés que les versants sud où l'ensoleillement, et donc la chaleur, sont moindres. Les ubacs sont forestiers et très peu peuplés, seulement par des fermes isolées. Les fermes avec leurs petites exploitations d'autrefois se sont massivement ruinées, envahies par les forêts sur les ubacs, tandis qu'elle ont été davantage préservées et reconverties en maisons secondaires sur les adrets. Les ubacs les moins peuplés sont l'envers entre Maxonchamp et Rupt, l'ubac entre Longchamp et Ramonchamp, l'ubac de Fresse; pour la Moselotte tous les reliefs de la rive sud jusque Cornimont à quelques exceptions près entre Thiéfosse et Saulxures-sur-Moselotte.

La Moselle à FerdruptLa Moselle à Ferdrupt

Des traces semblent indiquer la présence de la voie romaine aux Médelles, à Remanvillers. Remanvillers est un groupement situé à mi-distance du centre de Ferdrupt et de Ramonchamp

Le Ruisseau du Pré Martin, aflluent du Ruisseau de Morbieux fait office de limite supérieure entre Ferdupt et Ramonchamp. Une ancienne carrière (Carrière de Mérifin) se trouve à Ferdrupt, juste à la limite de Ramonchamp.

Petite vanne de dérivation à FerdruptPetite vanne de dérivation à Ferdrupt

Des usines sont comme ailleurs implantées de longue date dans ce secteur.

Ramonchamp occupe un territoire exigu de la vallée, entre Remanvillers et Le Thillot. D'ailleurs il n'y a pas véritablement de coupure entre ces ensembles. De même, les deux versants assez escarpés renforcent la situation enserrée de la commune. Le grand axe de communication, à l'instar des communes voisines est la route nationale de Remiremont à Mulhouse. A noter que Ramonchamp, à la différence de Ferdrupt, dispose également d'axes de communication vers le nord et le sud. Par la vallée du Ruisseau de Morbieux, une petite route rejoint Saulxures-sur-Moselotte par le Col de Morbieux (791 mètres), passage avec une pente assez forte et enneigé assez tard dans l'année. Au sud, une petite route rejoint la Route des Forts au Monument du Poteau qui fait office de limite régionale. L'extrême sud du territoire, directement au contact de la route et de la limire régionale est intéressant, avec ses divers étangs et son relief boisé un peu plus accentué. A noter que le GR7 longe toute la vallée par le sud et l'ouest, depuis Remiremont jusqu'au Ballon d'Alsace, là où le relief offre peut de coupures et une altitude assez régulière entre 600 et 750 mètres le plus souvent. Pour ce qui est des sentiers balisés par le Club vosgien, ils sont nombreux, dans la vallée mais surtout dans les reliefs entre Haute Moselle et Moselotte.

La Moselle offre un débit et une largeur déjà sensiblement moindres à Ramonchamp par rapport au niveau de Vecoux. La rivière, en amont de plusieurs ruisseaux tributaires importants, va continuer à se réduire de plus en plus sensiblement jusque Saint-Maurice-sur-Moselle.

La disposition géographique de la commune de Ramonchamp doit à l'histoire même de la vallée et à l'évolution de ses bourgs.

La Moselle au niveau de l'église de RamonchampLa Moselle au niveau de l'église de Ramonchamp

Le ban de Ramonchamp s'étendait à l'origine sur toute la haute vallée de la Moselle en amont de Ferdrupt C'est vers 1730 que la paroisse fut démembrée pour former deux nouvelles, au Ménil et à Fresse-sur-Moselle, puis les limites de Ramonchamp furent modifiées par le décret du 30 juin 1860 portant création de la commune du Thillot et réunion à la commune de Fresse-sur-Moselle du hameau des Boudières. C'est par ce même décret que Ramonchamp perdra sa qualité de chef-lieu de canton au profit du Thillot. Néanmoins, la commune profitera comme les autres du développement du textile à partir de 1830 avec l'accélération après 1871. En 1944, la commune fut sur la ligne de front durant près de deux mois entre les mois de septembre et novembre avant que la partie supérieure de la vallée ne soit définitivement libérée. Après cette époque, l'industrie s'est engagée dans une longue période restructurations comme partout ailleurs dans les Vosges. Le textile quasiment disparu et la modernisation des équipements a entrainé une diminution de la main d'oeuvre dans d'autres. Malgré celà, le tissu industriel s'est partiellement reconverti dans de nouvelles industries : mécanique, plastique, transformation de métaux.

Au niveau du Thillot, la vallée de la Moselle s'ouvre au nord et au sud. Au nord sur la large vallée glacière du Ménil où se trouve en amont la commune du même nom et où coule le Ruisseau du Ménil. De là, après le Col du Ménil (ou des Fenesses) à 621 mètres d'altitude, il est aisé de rejoindre Travexin et la vallée de la Moselotte à Cornimont. Au sud vers la Franche-Comté par la vallée du Vacceux et le Col des Croix à 679 mètres d'altitude. Le Col des Croix est un passage naturel très important entre la Haute Moselle et la Franche-Comté par la vallée de l'Ognon – qui naît au-dessus des Mines Saint Thomas –, au même titre que le Col du Mont de Fourche et la vallée du Breuchin plus en aval. Les deux cols sont reliés entre eux par la Route des Forts et le Col des Croix était protégé par le Fort de Château-Lambert. Le Col des Croix était jadis appelé “Pertuis de l'Etraye”, du nom porté par Le Thillot avant la création de cette commune. D'ailleurs, la vallée de la Haute Moselle était appelée sous l'Ancien Régime “Vallée de l'Etraye” tandis que celle de la Moselotte “Vallée de Vaigny”. L'Etraye est aujourd'hui le nom d'un quartier de Ramonchamp.

La vallée de la Moselle en amont de Ramonchamp, avec les Ballons d'Alsace et de Servance enneigésLa vallée de la Moselle en amont de Ramonchamp, avec les Ballons d'Alsace et de Servance enneigés

Le fait remarquable est l'alignement des deux axes qui permet de relier la Franche-Comté au coeur du massif vosgien (La Bresse, Gerardmer, Saint-Dié). De cette situation, l'axe naturel de la Haute Moselle porté par la route de Remiremont à Mulhouse (N66) est croisée à la perpendiculaire par un axe sud-nord (D486) reliant Lure à Gérardmer.

La ville du Thillot s'est tout naturellement développée au coeur de ce carrefour naturel, ville qui n'était autrefois qu'un péage lorrain vers la Franche-Comté au sud et l'Alsace à l'est, devenu hameau et commune détachée de Ramonchamp en 1860 puis une ville très peuplée par la suite. Le Thillot comptait plus de 5.000 habitants dans un espace territorial réduit jusqu'en 1975. Le centre du Thillot avait avec la ville de Remiremont la plus grande densité de population du secteur. Par la suite, la crise du textile et des autres industries traditionnelles a amené un fort exode migratoire se poursuivant encore aujourd'hui.

L'histoire de la cité est dominée par une forte tradition industrielle : mines de cuivre dès le 16ème siècle, manufacture de fer blanc à partir de 1727, tanneries... En 1871, le textile s'implanta également au Thillot sur l'impulsion d'Alsaciens fuyant l'annexion allemande. La crise du textile provoqua un fort exode migratoire et une baisse brutale de la population se poursuivant encore aujourd'hui. La population, qui comptait plus de 5.100 habitants en 1975, n'en comptait plus qu'environ 3.700 en 2006.

Vue de l'aval de Fresse, en direction de l'église du ThillotVue de l'aval de Fresse, en direction de l'église du Thillot

Après le Thillot succède immédiatement la commune de Fresse-sur-Moselle, qui s'étend sur la vallée jusqu'au Pont Jean. A ce niveau, la vallée se rétrécit sensiblement et la plaine de fond de vallée devient très réduite voire disparait. La rivière n'affiche plus qu'en moyenne 4 m³/seconde, soit environ 45% de celui affiché à Vecoux. La Haute Moselle n'est plus qu'une petite rivière bien incapable d'avoir creusé une vallée surdimensionnée à fort caractère glaciaire. Le relief devient plus élevé et imposant avec des sommets ateignant aisément les 900-1000 mètres. C'est le début des Hautes-Vosges, mais pas encore immédiatement le domaine des ballons et autres sommets majeurs. En dépit de son étroitesse sans cesse plus importante, la vallée conserve une bonne présence industrielle avec une densité importante de population, comme celle de la Moselotte au niveau de Cornimont et de la Bresse. Les industries et la population se sont implantées quasiment jusqu'aux sources des rivières, en amont de Bussang et La Bresse. Seule la dernière partie est restée le domaine de la forêt et aujourd'hui pour partie le domaine des chalets et des sports d'hiver. Si l'industrie marque les vallées vosgiennes de leur présence actuelle et historique, elle n'en est pas moins de plus en plus respectueuse de l'environnement et son impact environnemental fut toujours modéré, notamment de par la nature peu aggressive des activités (tissages et filatures, bois, métallurgie, etc.).

Petit barrage sur la Moselle, à Fresse-sur-MosellePetit barrage sur la Moselle, à Fresse-sur-Moselle

Fresse-sur-Moselle possède un centre situé non pas sur la Moselle, mais légèrement en haut, sur le ruisseau de la Colline de Fresse, qui est l'axe directeur principal du teritoire communal jusque le sommet du Heimont (1086 mètres) à l'extrémité nord-est dominant directement Bussang, la Moselle faisant en amont un coude vers le nord en direction de sa source.

La commune de Fresse s'étend également vers la Montagne de Couard (737 mètres) et en profondeur vers le Ballon de Servance donnant l'aspect d'un vaste boomerang tourné vers Saint-Maurice-sur-Moselle et Bussang à l'est. Ces trois communes possèdent une position privilégiée dans la vallée supérieure de la Haute-Moselle avec un vaste territoire couvrant une longueur importante de vallée et de grandes étendues montagneuses boisées ou non. Dans cette partie sud, le massif du Ballon de Servance est un espace naturel de première importance en partie protégé (en Haute Saône) avec son immence Forêt Domaniale de Saint Antoine en Haute Saône et la forêt des Gouttes du Ballon côté vosgien. Ces forêts sont très peu couvertes par les chemins forestiers et de grands espaces demeurent complètement sauvages et quasiment vierges, comme entre le Col du Stalon (962 mètres) et le Ballon de Servance côté vosgien avec des pentes importantes inexploitables. La chaume du Ballon de Servance – où se trouvait un fort Séré de Rivières et aujourd'hui un radar en terrain militaire – est un espace unique et protégé accessible depuis le Col des Croix par la Route des Forts.

Vue des Hauts de Fresse, à la HardoyeVue des Hauts de Fresse, à la Hardoye

A Fresse-sur-Moselle se trouve l'ancienne voie romaine de la vallée (Chemin du Lait), de nombreux croix, l'Etang du Frac et non loin la cascade de Longeligoutte (9 mètres à 850 mètres d'altitude) et l'ancien pont de pierre sèches du 18ème siècle.

La Moselle à la HardoyeLa Moselle à la Hardoye

En amont de Fresse-sur-Moselle, la Moselle atteint sur extrémité sud et effectue un vaste coude vers le nord. Saint-Maurice-sur-Moselle et Bussang sont les communes des sources de la Haute-Moselle, couvtant sa tête de pont hydrographique matérialisée par la vallée nord-est-sud-ouest jusqu'au coude du Pont Jean et par tout le bassin situé à l'est jusqu'à la crête formant limité régionale. A ce niveau, la rive gauche, alors peu profonde et limité par la ligne de partage des eaux de la Franche-Comté, acquiert une profondeur très importante vers le Ballon d'Alsace, le Rouge Gazon, les Neufs Bois. Sur l'autre rive, on a l'important bassin du Ruisseau de la Hutte vers le Drumont et la Tête de Fellering (autrefois appelée Grand Drumont). Ce territoire est vaste, très montagneux (entre 700 mètres et 1200 mètres d'altitude) et très boisé. La Forêt Domaniale de Saint-Maurice et Bussang s'étend du Ballon de Servance au sud à la haute vallée du Ruisseau de la Hutte au nord, en passant par le Ballon d'Alsace, le Rouge Gazon, les Neufs Bois, le Col de Bussang et le Drumont. Les plus hauts sommets entoutent le bassin supérieur de la Moselle : les Ballons de Servance et d'Alsace, la Haute Bers, la Tête des Perches, la Tête du Rouge Gazon, la Tête des Neufs Bois, la Tête des Russiers, le Drumont, la Tête de Fellering.

Au niveau du coude de la Moselle, le Ballon de Servance domine impérieusement la vallée, alors au pied des deux grands ballons du sud des Vosges. On entre dans la partie terminale de la vallée, au coeur des Hautes Vosges avec des reliefs coiffés de sommets élevés (entre 900 et 1250 mètres). La Moselle, qui affiche environ 3,5 m³/seconde en aval du coude, n'affiche plus que 1,4 m³/seconde peu après en amont. En effet, la Moselle, gros ruisseau venant de Bussang, reçoît successivement sur sa gauche l'important Ruisseau des Charbonniers – quasiment équivalent en débit soit 1,1 m³/seconde – ainsi que le Ruisseau de la Feigne et sutout le Ruisseau de Presles venant des deux Ballons. Tous ces ruisseaux drainent le bassin situé entre le Ballon de Servance et la Tête des Neufs Bois, dans la partie la plus arrosée du massif vosgien. Le Ruisseau des Charbonniers, qui double le débit de la Moselle, possède une vallée fortement individualisée (Vallée des Charbonniers) constituant le coeur de la commune de Saint-Maurice-sur-Moselle avec ses hameaux (Goutte du Rieux et Charbonniers) et leurs industries.

Le coude de la Moselle à Saint-Maurice, vers le Pont JeanLe coude de la Moselle à Saint-Maurice, vers le Pont Jean

Le coeur du village de Saint-Maurice-sur-Moselle se situe un peu en amont du coude de la rivière, le long du ruisseau des Charbonniers. Cette commune est devenue à l'instar de Bussang très touristique par ses paysages et les sports d'hiver pratiqués au Ballon d'Alsace ainsi qu'au Rouge Gazon. On trouve au coeur des forêts des Neufs Bois et du Rouge Gazon les arbres remarquables le Roi Soleil et les Tois Mousquetaires. La haute vallée de la Grande Goutte (affluent du Ruisseau des Charbonniers) peut être parcourue par un sentier circulaire qui passe devant ces arbres si particuliers.

Le sommet enneigé du Ballon de Servance (1216 mètres)Le sommet enneigé du Ballon de Servance (1216 mètres)

Les sommets les plus hauts sont parfois couverts de chaume comme les ballons de Servance et d'Alsace et le Drumont) soit de forêts comme la Haute Bers, la Tête des perches, la Tête des Neufs Bois, la Tête de Fellering. Ces sommets, élevés, possèdent des conditions climatiques particulières, avec des températures fraîches, une hydrométrie élevée, un vent fort et des neiges persistantes. La nature de la végétation, composée d'arbustes et de hêtres rabougris, témoigne de ces conditions difficiles.

La Moselle et le pont de la Voie Verte, en aval de la jonction avec le Ruisseau des CharbonniersLa Moselle et le pont de la Voie Verte, en aval de la jonction avec le Ruisseau des Charbonniers

Depuis Saint-Maurice part la route du Ballon d'Alsace qui, après plusieurs lacets sur une distance de 9 km, atteint le sommet au Col du ballon (1178 mètres d'altitude). La route est très fréquentée par les cyclistes et motards. On est alors à la limite entre les Vosges et le Territoire de Belfort. Un sentier frontière part de la route vers le sommet qu'il traverse en passant par la Statue de Jeanne d'Arc et la table d'orientation à 1247 mètres d'altitude. De là on domine la Jumenterie (1070 mètres) et c'est de cet endroit que partent les pistes de ski du même nom. En contrebas côté vosgien vers l'est se trouvent les roches de Morteville. La chaume du Ballon d'Alsace se situe avant tout en territoire franc-Comtois, où se trouve la source – intarrissable – de la Savoureuse. Le point de vue, donnant sur les trois régions, est exceptionnel et donne par temps clair jusqu'aux Alpes. La limite avec l'Alsace occupe le flanc est du sommet, elle suivra vers l'est la ligne de crêtes vers la Tête des Perches, le Col de Bussang, etc., et vers le sud longera la route du Ballon qui se divise sur l'autre versant en deux directions, vers Sewen et Giromagny. De 1871 à 1918, cette limite constituera la frontière de la France, contrairement à la limite avec la France-Comté, elle a donc été rigoureusement bornée et suivie sur toute la ligne de crête.

Le Ruisseau des Charbonniers au centre de Saint-Maurice, juste avant la jonction avec la MoselleLe Ruisseau des Charbonniers au centre de Saint-Maurice, juste avant la jonction avec la Moselle

De Saint-Maurice part également la route du Rouge Gazon en traversant les hameaux de la Goutte du Rieux et des Charbonniers. La Chaume du Rouge Gazon est un espace de sport d'hiver mais aussi un haut lieu de la randonnée et de la gastronomie vosgienne (tout comme le Ballon d'Alsace, le Drumont, le Grand Ventron, le Honheck, etc.). Les fermes auberges familiales – souvent des anciennes marcaireries –, situées sur les sommets et/ou sur les sentiers de grande randonnées offrent le gîte et le couvert et constituent une des bases du patrimoine montagnard vosgien en perpétuant des traditions ancestrales, aussi bien du côté lorrain qu'alsacien. Les plats typiques y sont proposés, dont le célèbre menu marcaire  constitué à base de produits fermiers : tourtes, viandes fumées, pommes de terre cuites à l'étouffée (ou toffailles), fromage Munster et tarte aux brimbelles (nom de la myrtille). Les sentiers de grandes randonnées, GR et sentiers du Club vosgien couvrent l'ensemble du massif et permet de parcourir l'ensemble des sommets, reliés entre eux par les crêtes.

Il n'existe pas de chemin carrossable entre le Ballon d'Alsace et le Col de Bussang, uniquement des sentiers permettant de redescendre le côté alsacien assez abrupt.

La Moselle au centre de BussangLa Moselle au centre de Bussang

A Saint-Maurice, la Voie Verte passe par deux fois la Moselle avant de se réinstaller sur la rive gauche de la rivière jusque Bussang. En remontant la vallée vers Bussang, celle-ci offre un aspect franchement montagnard, avec des dénivelés conséquents. La Moselle, désormais un gros ruisseau coulant à 580 mètres d'altitude, est entourée montagnes de 900 mètres d'altitude à l'ouest et de plus de 1100 mètres d'altitude à l'est (Haut des Helzieux et Tête de la Bouloie). Le fond de la vallée, parcouru par la route nationale et la voie verte, est assez vide jusqu'à l'entrée de Bussang et son ancienne usine.

Bussang est relié à la vallée de la Colline de Fresse par le Col de la Croix de Fresse (879 mètres), aisément franchissable – et carrossable en véhicule forestier –, reliant directement les villages de deux communes sans passer par Saint-Maurice.

Bussang est une bourgade légèrement plus peuplée que Saint-Maurice avec 1800 habitants, ayant l'aspect d'une petite ville de montagne. La commune de Bussang s'étend sur tout le haut bassin de la Moselle, dans une vallée à 600 mètres d'altitude entourée de sommets prononcés s'élevant aisément au-delà des 1000 mètres d'altitudes. Le caractère montagnard des lieux est renforcé par une vallée assez étroite cernée de dénivelés importants. Pour autant, si la vallée de la Moselle est étroite, elle ne l'est pas davantage qu'en aval à Saint-Maurice ou Fresse. Le relief est simplement plus proche et plus présent.

La petite ville est surtout connue pour son Théâtre du Peuple, créé par Maurice Pottecher en 1895. Entièrement en bois, le théâtre a la particularité de pouvoir s'ouvrir sur l'arrière-scène, offrant un décor naturel inhabituel et montagnard. Les pièces présentées durant la saison d'été mêlent professionnels et amateurs depuis l'origine. Dans les années 1975, le lieu est classé aux Monuments historiques.

Bussang accueille également un casino, inauguré en 2006 et montrant son statut de ville thermale. La ville dispose également de son propre hôpital local.

La confluence de la Moselle à gauche et du Ruisseau de la Hutte à droiteLa confluence de la Moselle à gauche et du Ruisseau de la Hutte à droite

Bussang et Saint-Maurice-sur-Moselle étaient regroupées sous le nom de Visentine jusqu'en 1420, nom que garda la paroisse jusqu'à sa partition en 1767. Le développement de la cité s'appuya successivement sur l'exploitation de mines assez modestes de plomb, de cuivre et d'argent, des eaux minérales puis sur l'industrie textile.

La Moselle n'est plus qu'un ruisseau de 2 à 3 mètres de large en passant au centre de Bussang. C'est au niveau de Champé qu'à lieu la jonction de la Moselle venant de la gauche et du Ruisseau de la Hutte venant de la droite. Si les débit des deux ruisseaux sont à peu près comparables, ce dernier est légèrement plus abondant et est d'une longueur supérieure. A ce titre, le Ruisseau de la Hutte peut être considéré comme la branche mère de la Haute Moselle. Il était tout simplement considéré comme la Moselle, avant que la source officielle ne soit établie au pied du Col de Bussang. Ce ruisseau prend ses sources au nord du Drumont avant de parcourir une vallée bien individualisée au coeur de laquelle se trouve le hameau relativement isolé de La Hutte. Le secteur est dominé par la silhouette caractéristique de la Tête des Russiers (1187 mètres), très abrupte en descendant directement sur le Col de Bussang.

La Moselle entre Champé et Taye, le long de la route des SourcesLa Moselle entre Champé et Taye, le long de la route des Sources

Pour ce qui est de la Moselle, elle va longer l'ancienne route du Col de Bussang en allant vers Taye, où se trouvent les sources minérales de Bussang. La route actuelle, passe en amont à flanc de montagne. Celle-ci fut raccourcie par la construction d'un viaduc au-dessus du vallon du Séchenat. Auparavant, la route empruntait une patie du vallon en passant par le Pont du Séchenat, très représenté par les cartes postales anciennes. Le Séchenat, qui prend sa source au-dessus du Col des Allemands (915 mètres) est un peu plus important que la Moselle.

La Moselle devant la Source MarieLa Moselle devant la Source Marie

Au niveau de Taye se trouvent les sources thermales de Bussang, situées à 640 mètres d'altitude. Découvertes à flanc de montagne, les eaux de Bussang ont transformé la ville en station thermale. Quatre sources furent mises à jour et exploitée (notamment mises en bouteille), la grande et la petite Salmade, les Demoiselles et la source Marie. Les trois premières furent victime d'une pollution bactérienne après la Seconde Guerre mondiale et abandonnées par la suite. La source Marie est la dernière source exploitée, propriété communale donc ouverte au public. 
Des études
sont  actuellement menées par des investisseurs privés en vue d'une remise en exploitation d'une nouvelle source captée.

En amont de Taye, l'altitude augmente plus sensiblement dans un vallon étroit directement dominé par le Charat. La Moselle, qui n'est alors plus qu'un petit ruisseau, coule dans ce vallon semi-boisé. Peu après le vallon remonte à gauche  en direction du Drumont et à droite vers le Col de Bussang. Le ruisseau qui descend du Drumont est lui aussi plus important que la Moselle qui n'est plus qu'un filet d'eau. La chaume du Drumont et sa ferme auberge est accessible en amont de la source de la Moselle par une petite route remontant le vallon. La route passe alors autour de l'Etang Jean et son petit kiosque en son centre, juste à côté de la limite de l'Alsace. A sommet du Drumont se trouve également une table d'orientation offrant un beau point de vue sur le sud des Vosges, ainsi qu'une piste d'envol pour les parapentes.

Le vallon terminal de la Moselle, en amont de TayeLe vallon terminal de la Moselle, en amont de Taye

Le Tunnel de Bussang, qui devait assurer la liaison ferroviaire entre St-Maurice et Wesserling et contribuer au désenclavement des vallées vosgiennes, ne fut jamais achevé. Le projet, qui a été réalisé dans les années 30, s'est limité à la moitié du percement avant d'être abandonné en 1938 faute de moyens. Il ne fut jamais remis au goût du jour après la Seconde Guerre mondiale.

La source de la Moselle fut construite et inaugurée dans les années 60 et est désormais présentée comme sa source officielle. Une plaque en métal inaugurable s'y trouve ainsi qu'un tracé métallique représentant le cours de la rivière de Bussang à Coblence ainsi que les grandes villes traversées. Sa longueur totale est de 560 km : 314 km en France, 39 km faisant frontière entre le Luxembourg et l'Allemagne, 208 km exclusivement en Allemagne. Le petit filet d'eau émanant de la source traverse les lieux par une petite rigole avant de se perdre juste après. Le ruisseau réapparaîtra un peu plus loin en contrebas.

La source de la MoselleLa source de la Moselle


En amont de la source se trouve le Col de Bussang (731 mètres), séparant la Lorraine et l'Alsace. Autrefois emprunté par un tunnel étroit qui fut détruit, le col fut élargi pour permettre le passage d'une route nationale moderne à grande capacité. C'est cet endroit qui marque l'extrémité de la vallée vosgienne de la Haute Moselle et l'entrée dans la vallée alsacienne de la Thur...





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